Terre de nature et de spiritualité

octobre 22, 2017
Voyages

Ingrid Pohu|Le Parisien

LE PARISIEN MAGAZINE. Montagnes, désert et paysages lunaires… Ce pays de la corne d’Afrique regorge de trésors naturels et culturels. Bérengère, notre voyageuse, s’est aventurée au coeur de ce territoire riche d’une tradition millénaire.

« Jai rarement vu une telle diversité de peuples et de paysages ! » s’émerveille Bérengère, tout juste rentrée de son second voyage en Ethiopie. Accompagnée d’un guide, elle a d’abord traversé les vallées, les hauts plateaux et les paysages arides du pays Afar, dans le nord-est. Sur le marché aux dromadaires du village de Sambate, elle a croisé les tribus Argobba, Kamise et Artuma. « Certaines ethnies utilisent du beurre mélangé avec de la terre ocre pour leurs coiffures. Et quand une jeune fille porte des pompons dans le dos, cela signifie qu’elle est promise à son fiancé. »

Dans ce pays de 102 millions d’habitants, où cohabitent chrétiens (60 %) et musulmans (33 %), Bérengère a visité la ville sainte de Lalibela. Creusée dans la roche au XIIe siècle, elle abrite onze églises rupestres extraordinaires. « L’église Saint-Georges a été construite dans une fosse de 12 mètres de profondeur. Son architecture, en forme de croix grecque, date du XIIIe siècle. Ici, les prêtres chrétiens orthodoxes portent un turban blanc avec une couronne sur la tête lors des grandes célébrations. On plonge dans un autre temps. » Sur la route menant à Mekele (capitale de la région du Tigré), la Toulousaine a traversé des forêts d’eucalyptus et même des paysages de rizières. Dans les échoppes des villages, on lui a servi la fameuse injera, une crêpe à base de graines de teff, la céréale locale.

La baroudeuse a surtout apprécié la cérémonie du café (appelé buna), dont l’Ethiopie est le pays d’origine : « Ils brûlent de l’encens et, pour parfumer le café, on trempe une herbe odorante, ça lui donne une saveur amère originale. » Son coup de coeur ? La forteresse musulmane de Harar (à l’est du pays), où Arthur Rimbaud a fini sa vie. « Harar est classée à l’Unesco : ses ruelles sinueuses aux murs en crépi vert ou rose, son marché aux forgerons et ses maisons coloniales assez cossues détonnent par rapport à la capitale Addis-Abeba, moins riche culturellement. »

« Les couleurs des minigeysers sont surréalistes »

DR

Expédition à Dallol (région Afar, nord-est du pays). Dallol est un site géologique situé dans le désert du Danakil. « Il est proche de la frontière érythréenne. Même s’il n’y a pas de problèmes de sécurité, on doit être escorté par deux rangers pour s’y rendre. Pour eux, c’est un bon business ! » Bérengère a assisté au coucher du soleil sur le désert « blanc et cristallin » du Danakil. « Le sel au goût très iodé craquelle sous nos pas. Et dans les flaques d’eau se reflètent les caravanes de dromadaires chargés de cet or blanc. C’est magnifique ! » A Dallol (photo), sous une chaleur accablante, elle s’est aussi baladée au milieu de sources chaudes acides : « Ces mini-geysers sont jaunes, verts et bleus, c’est surréaliste. » Le soir, elle a dormi au campement de Hamdela. « Une toile posée sur quatre piquets et un réseau sanitaire inexistant… Plutôt rudimentaire ! »

« On aurait dit une bête furieuse qui grondait au fond du cratère »

 - Olivier Grunewald

Ascension du volcan Erta Ale (région Afar) Une fois installée au campement de Dodom, Bérengère est partie crapahuter sur le volcan Erta Ale (photo), au milieu du désert du Danakil. « C’était à la tombée de la nuit, pour fuir la chaleur », se souvient-elle. Il leur a fallu deux heures vingt pour gravir ce volcan resté actif. « De grosses bulles éclatent et tournent, telle une bête furieuse qui gronde au fond du cratère. C’est très impressionnant car il n’y a pas de barrière et on est vraiment tout proche. Un ami a même reçu une petite projection de lave ! » Après cette « folle nuit », la voyageuse a fait une halte au lac salé d’Afdera. « Je me suis baignée dans des sources chaudes. C’est exotique et ça détend ! »

« Ces ethnies vivent à des années-lumière de nous »

DR

La vallée de l’Omo (région des Nations, Nationalités et Peuples du Sud, dans le sud-ouest du pays) Ce site préhistorique, où de nombreux fossiles, notamment humains, ont été découverts, offre des paysages « très secs et sans ombre, excepté sur les rives très verdoyantes du fleuve Omo, dont la couleur est marron-ocre ». Dassanech, Konso, Bana… Ici, les tribus semi-nomades se ravitaillent en eau à la rivière. « Ces ethnies vivent à des années-lumière de nous, même si certains commencent à avoir des portables. Et parmi les enfants qui vont à l’école, très peu accèdent aux études supérieures. » Dans le village de Gurra, Bérengère a assisté à la cérémonie du Ka’el, le Nouvel An de la tribu des Bodi (photo). « Pendant trois à six mois, les jeunes hommes se nourrissent de sang de vache et de lait pour grossir. Ensuite, le village procède à l’élection de celui qui a le plus gros ventre, c’est un signe de grande beauté pour eux. »

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