La dynastie des Zagoué

Le royaume d’Axoum se délita au Xe siècle, période mal connue de guerres intestines. . Au siècle suivant, le dernier descendant de Gudit est renversé par un seigneur Agew du nom de Mara Takla Haymanot, fondateur de la dynastie Zagwe. Le renouveau vint alors de cette «  maison de Zagwé », issue des Agaws, et qui affirmait tenir sa légitimité d’un mariage avec l’une des dernières princesses axoumites. Cette ascendance, plus ou moins légendaire, qui reconstitue ainsi la continuité de la dynastie salomonienne (le royaume étant ainsi rendu à la lignée royale biblique) fut cependant avalisée par l’Église éthiopienne, car les rois de cette nouvelle dynastie firent preuve d’une ferveur chrétienne sans faille. La dynastie dans son ensemble est d’ailleurs toujours considérée comme sainte, mais, parmi ces rois, l’un d’entre eux se détache avec éclat : Lalibela

 « Les abeilles reconnaissent sa souveraineté »

Lors de sa naissance, un essaim d’abeilles vint, dit-on, former une couronne au-dessus du jeune prince… Les Zagwé avaient transféré le centre du pouvoir au sud d’Axoum, au cœur du plateau abyssin, hors d’atteinte des incursions musulmanes, à Roha, la ville qui prendra plus tard le nom de Lalibela. Les dates de son règne ne sont pas connues précisément, mais se situent à la fin du XIIe et au début du XIIIe siècle. Quand il monta sur le trône, la Chrétienté occidentale était en plein émoi : le royaume de Jérusalem, cœur des États latins de Terre Sainte, venait de tomber aux mains de Saladin. Il était dès lors pratiquement impossible de s’y rendre en pèlerinage. Encore enfant, Lalibela avait entendu une voix céleste qui lui enjoignait de réaliser « dix églises d’une seule pierre ». Il les réalisera, les plaçant au cœur d’une nouvelle Terre Sainte abyssine : la rivière qui court au centre de la cité deviendra le Jourdain, une colline portera le nom de mont Thabor…

Il fallut vingt ans, comme pour le temple de Salomon, pour réaliser les églises rupestres qui font maintenant la célébrité de Lalibela. Vingt ans, ou certainement plus, passés à creuser, avec des moyens archaïques, dans le tuf volcanique rose à grain fin, de larges tranchées dans lesquelles furent réservées d’énormes blocs de roche, littéralement sculptés ensuite en forme d’églises. La plus impressionnante reste certainement l’église Saint-Georges, Beit Giorgys. A l’écart des autres, au fond d’un véritable puits creusé sur le flanc en pente douce d’une colline et auquel on accède par des tunnels latéraux, elle fut la dernière à être sculptée, la onzième, du vivant de Lalibela, grâce à l’aide miraculeuse de saint Georges ! En forme de croix grecque, son toit plat est élégamment décoré d’un jeu de croix emboîtées. L’intérieur des églises est très sobre, mais certaines d’entre elles sont décorées de ces peintures qui, bien qu’elles soient certainement postérieures à la construction des églises, ont l’éclat et cette fraîcheur unique qui caractérise la peinture éthiopienne qui est, par ailleurs, si bien représentée dans les églises alentour ou dans les monastères construits ultérieurement sur les îles du lac Tana. Les Zagwé furent renversés en 1270 par Yekuno Amlak, fondateur de la seconde dynastie solomonide, et la capitale transférée au sud, à Tegoulet, mais Lalibela reste encore aujourd’hui beaucoup plus qu’un musée : le lieu de fervents pèlerinages.

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